Mireille Havet (1898-1932), jeune poète prodige des Années Folles, est publiée dès l’âge de 15 ans par Guillaume Apollinaire. Tous les deux habitent Passy et se retrouvent rue Raynouard chez Mireille et ses parents avec leurs amis poètes Ludmila Savitzky, Jean Le Roy… Après la Grande Guerre, Mireille, désaxée, mène « une vie de guet et d’attente, de songe et d’outrance, une vie aimantée par son goût singulier pour l’amour des femmes et les stupéfiants ». Avant de disparaître, isolée et démunie, Mireille confie son journal intime à sa fidèle amie Ludmila Savitzky...
En 1995, Dominique Tiry, petite-fille de Ludmila, retrouve le journal dans les archives de sa grand-mère. Les écrits de Mireille Havet seront retranscrits par Pierre Plateau et publiés en plusieurs volumes à partir de 2003 par Claire Paulhan.
Distribution
Auteur : Mireille Havet
Mise en lecture et Adaptation : Margot Abascal
Avec : Nathalie Krebs, Mohamed Rouabhi, Frédéric Andrau, Margot Abascal
Extraits
« Cher Monsieur Guillaume Apollinaire,
Je crois que vous êtes un peu fou…!
1°. parce que si vous allez dîner comme vous le pensez Mercredi, rue du Ranelagh, j’ai peur que vous ne nous y trouviez pas. Nous habitons rue Raynouard.
2°. parce que jamais il n’a été question de Mercredi, mais de Lundi. Nous vous attendons donc ce soir.
Je vous embrasse donc de tout mon cœur en vous disant : à ce soir sans faute, 51 rue Raynouard. »
Mireille Havet - juin 1913
« Ma chère petite Mireille …
Ne vous souciez pas de la guerre. Elle durera longtemps, il faut en prendre son parti et arranger sa vie comme si la guerre devait durer toujours comme ça quand la paix arrivera ce sera une bonne surprise.
Vous ma chère Mireille, travaillez. Tachez d’écrire quelque part, il y a beaucoup de place à prendre et il y en aura encore.
Je vous embrasse plus que d’habitude et bonne année ».
Guillaume Apollinaire - Nîmes, 3 janvier 1915
« Mireille … Ne voudriez-vous pas connaître l’énorme beauté des batailles et des mouvements de troupes ? … Il y a une rare splendeur dans le bruit des balles qui est comme une floraison. Quand elles jaillissent des mitrailleuses, cela forme d’étranges bouquets d’autant plus émouvants qu’ils sont mortels. Donnez-moi de vos nouvelles et envoyez-moi des vers et des proses.
Votre très vieux copain »
Jean Le Roy - 19 août 1915
« Toujours, je ne sais pourquoi, le souvenir d’Apollinaire se rattache à Mireille dans mon esprit. Cela me fait venir les larmes aux yeux. »
Ludmila Savitzky - « Souvenirs » 1957